« Ils ont tous été dénoncés » : à Saint-Raphaël, dix déportés inscrits dans la mémoire de la ville
Des pavés dorés ornent désormais la ville de Saint-Raphaël. Ils ont été placés là où vivaient des déportés de la Seconde Guerre mondiale, morts en raison de leur confession religieuse ou de leur combat politique.
Ils étaient enfants, adolescents ou parents. Tous vivaient ou ont vécu à Saint-Raphaël (Var) avant d’être déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur souvenir, longtemps resté discret, est aujourd’hui ravivé grâce à une initiative portée par la ville et appuyée par le travail de l’historien Christophe Woehrle.
Dix pavés dorés portant le nom de ces habitants ont été installés devant leur ancien domicile, lorsque celui-ci était connu.
« Ces déportés reviennent symboliquement chez eux », souligne Olivier Spinnhirny, conseiller municipal délégué à la citoyenneté et au monde combattant.
Ces pavés de mémoire, appelés Stolpersteine, sont déjà présents dans plusieurs pays européens.
En France, on en compte environ un millier, notamment à Lille, Bordeaux… et désormais à Saint-Raphaël, première commune du Var à s’engager dans ce projet. « On espère faire tache d’huile », confie l’élu local.
L’installation des pavés est l’aboutissement d’un long travail de recherche historique, mené en collaboration avec des établissements scolaires. Collégiens et lycéens ont participé à l’écriture des biographies des victimes et leur ont rendu hommage lors d’une cérémonie officielle.
De jeunes collégiens ont travaillé pendant plusieurs mois sur les biographies des personnes déportées à Saint-Raphaël.
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© Ville de Saint-Raphaël
« Pour sensibiliser les jeunes à la mémoire, il faut les impliquer directement », explique Christophe Woehrle, président de l’association Stolpersteine France. C’est lui qui a été chargé de retrouver les traces des personnes déportées à Saint-Raphaël, à partir des archives de Caen.
Pendant plusieurs mois, il a constitué des dossiers à destination des enseignants, afin que ces histoires deviennent un outil pédagogique. « Cette approche est essentielle, c’est même toute l’âme du projet. Les élèves comprennent que ces victimes avaient parfois leur âge. »
Parmi les parcours étudiés, celui de Lya Elhut, déportée à l’âge de 8 ans, ou celui de Jacques Baudino, résistant arrêté à 16 ans. « Il a été arrêté en 1944, sur dénonciation, précise Christophe Woehrle. Sur les dix déportés identifiés, tous ont été dénoncés. Nous n’avons pas su les protéger. »
Ce travail de mémoire s’inscrit dans un cadre plus global. Certains élèves ayant participé au projet se sont rendus à Auschwitz, en décembre dernier, dans le cadre d’un voyage mémoriel. « Il nous faut continuer à honorer la mémoire de ces victimes, et accomplir ce travail de mémoire. »
À Saint-Raphaël, ce sont donc désormais ces morceaux d’Histoire qui orneront la ville, rappelant à chacun la mémoire de ces déportés.
Auteur : Sofian Aissaoui
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