HISTOIRE. Grande figure de la Résistance, Georges Guingouin a aussi été maire de Limoges pendant deux ans

Il y a tout juste 80 ans, Georges Guingouin, grande figure de la Résistance limousine, prend une nouvelle dimension : il est élu maire de Limoges. Pourtant, alors que son avenir politique semble prometteur, l’expérience ne dure que deux ans et elle marque le début d’une véritable descente aux enfers. On vous raconte dans notre émission Dimanche en Politique.

Pourquoi ce passage de la résistance à la politique ? Quels obstacles Guingouin a-t-il dû affronter ? Quel est l’héritage de Guingouin maire de Limoges ?

Dans cette émission, nous revenons sur le contexte politique très particulier de l’après-guerre, qui a permis l’élection d’un maquisard à la tête d’une ville de plus de 100 000 habitants. 

« C’est un formidable changement, les élites traditionnelles ont été balayées par la libération, il y a toute la légitimité d’un système économique, social, politique qui s’est effondré, ce sont les nationalisations, les nationalisations confiscations, punitions, le champ des possibles est extrêmement ouvert en 1945, c’est ce qu’on appelle aussi en histoire une période fluide, où finalement tout est possible« , explique l’historien Phlippe Grancoing. 

Guingouin a une double légitimité, une légitimité politique qui lui vient de son parti, du suffrage universel, mais ce qui fait cette légitimité encore plus, c’est cette légitimité de résistant.

Philippe Grandcoing

Historien

C’est dans ce contexte, et auréolé de son vécu de maquisard, qu’il se lance en politique  : « Guingouin a une double légitimité, une légitimité politique qui lui vient de son parti, qui lui vient du suffrage universel, mais ce qui fait cette légitimité encore plus, c’est cette légitimité de résistant, à un moment, il va même y avoir un heurt entre ces deux légitimités« .

Elsa Ebenstein, auteure de l’ouvrage « La municipalité Guingouin » précise : « Guingouin a été légitime bien avant d’être légal, d’ailleurs, il signait ‘préfet du maquis’ quand il était résistant ».

Mais être légitime n’empêche pas la politique d’être féroce : « La campagne des élections municipales a été extrêmement violente. Autant la SFIO nationale avait pris des positions très claires, autant la SFIO locale, incarnée par monsieur Le Bail, refuse toute alliance avec Guingouin, alors qu’au départ Guigouin incarne l’unité issue de la résistance et souhaite une liste d’union. »

Une fois élu, dans ses habits de maire, Guingouin le résistant communiste n’est jamais loin. Son mandat sera bref, mais ses réalisations d’importance, avec sa défaite en 1947, dont les conditions, elles aussi, sont intéressantes à étudier du point de l’histoire.

Avec François Clapeau, pour en parler : Elsa Ebenstein, psychanalyste et auteure d’un mémoire de droit sur la municipalité Guingouin, Philippe Grandcoing, historien, et Fabrice Grenard, auteur d’un livre de référence sur Guingouin.