Guerre en Ukraine : L’Oréal, Pepsi, Milka… Pourquoi des entreprises occidentales ont continué de financer une partie importante du budget militaire russe
Des entreprises occidentales ont payé au moins 40 milliards d’euros d’impôts à la Russie depuis le début du conflit en Ukraine, soit près d’un tiers du budget de défense de la Russie pour 2025.
Une contradiction explosive. Alors que les pays occidentaux, en tête desquels les membres du G7 et de l’Union européenne, versent plus de 150 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine et imposent sanction après sanction à la Russie, leurs multinationales continuent de financer indirectement l’effort de guerre russe.
Selon une enquête du média d’investigation néerlandais Follow the Money, les entreprises étrangères implantées en Russie auraient transféré au moins 40 milliards d’euros au Trésor russe depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Une somme qui représente à elle seule près d’un tiers du budget de la défense de la Russie pour 2025.
Parmi les 20 plus gros contributeurs fiscaux étrangers en Russie, 17 sont issus de pays membres du G7 ou de l’Union européenne. Parmi eux, des noms bien connus du grand public. On y retrouve notamment les français Leroy Merlin et L’Oréal, mais aussi les multinationales américaines PepsiCo, Mars ou Mondelez International, qui contrôle des marques comme Oreo, Lu, MIlka, Côte d’Or…
La banque autrichienne Raiffeisen reste le principal investisseur européen, avec 457 millions d’euros versés au fisc russe rien qu’en 2023. Les entreprises américaines arrivent en tête des revenus générés pour la Russie, suivies par les groupes allemands.
« La Russie a besoin de chaque dollar »
Et « alors que l’Ukraine souffre des atrocités russes, de nombreuses multinationales priorisent encore leurs profits », dénonce récemment la coalition B4Ukraine dans une lettre adressée à la reine Maxima des Pays-Bas
Ainsi, malgré les promesses de retrait du marché russe, l’exode des multinationales n’a pas eu lieu. Sur les 4 138 entreprises étrangères présentes en Russie début 2022, seules 472 ont complètement cessé leurs activités. Environ 1 360 ont réduit leur présence, selon une étude conjointe de la Kyiv School of Economics, de l’université de Yale et de celle de Saint-Gall.
Et pour cause, avec le déclenchement de la guerre, les dépenses militaires russes ont très logiquement explosé. De 76 milliards d’euros en 2022, le budget défense est passé à 125 milliards, soit un tiers des dépenses publiques totales. “La Russie a besoin de chaque dollar,” soulignent un économiste et un chercheur de la KSE. Un besoin financier dont bénéficient involontairement, ou non, les entreprises étrangères toujours présentes sur le sol russe.
« Si vous partez, vous serez punis »
Pourquoi ces entreprises n’ont-elles pas encore quitté la Russie ? Certaines évoquent la nécessité de fournir des produits essentiels ou la protection de leurs salariés. Mais selon Follow the Money, la véritable raison est financière.
Le départ du marché russe implique souvent de vendre ses actifs à des prix dérisoires : entre 10 et 15 % de leur valeur réelle, selon l’économiste russe Vladislav Inozemtsev, qui parle du “plus grand vol du siècle”. Certaines entreprises auraient ainsi dû assumer plus de 170 milliards de dollars en pertes comptables et taxes de sortie.
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