Guerre en Ukraine : « Demandes inacceptables, détachées de la réalité »… Les pourparlers de paix entre Russes et Ukrainiens à Istanbul tournent au fiasco
Les premiers pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine depuis plus de trois ans ont tourné court vendredi à Istanbul, une source ukrainienne accusant la délégation russe d’avoir présenté des demandes inacceptables.
Les deux délégations sont restées moins de deux heures dans le palais de Dolmabahce sur le Bosphore, où elles avaient été laborieusement réunies sous la pression des États-Unis et de la Turquie, pour la première fois depuis leurs discussions de mars 2022, au début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie.
Une source ukrainienne a déclaré à Reuters qu’il était vite apparu que cette nouvelle session de pourparlers ne mènerait nulle part, les négociateurs russes ayant selon elle formulé des demandes « détachées de la réalité et qui allaient bien au-delà de tout ce qui avait été discuté précédemment ».
La Russie, qui campe sur les positions maximalistes qu’elle avait formulées en 2022 – annexion des cinq régions ukrainiennes qu’elle occupe au moins en partie, désarmement de l’Ukraine ou encore refus de voir Kyiv pouvoir un jour intégrer l’Otan –, n’a pas encore réagi à l’échec de ces pourparlers.
Moscou a donné le ton des discussions en bombardant la ville ukrainienne de Dnipro au moment même où devaient s’ouvrir les pourparlers, selon les médias ukrainiens. Vladimir Poutine avait lui-même appelé dimanche à la tenue de négociations directes en Turquie, plutôt que de répondre à la proposition de cessez-le-feu de 30 jours avancée par Washington et soutenue par Kyiv et ses alliés européens. Mais le président russe a snobé la réunion d’Istanbul alors que Volodymyr Zelensky l’avait mis au défi de le rencontrer et que le président américain Donald Trump s’était dit prêt à participer à la réunion.
Le président ukrainien avait déclaré vendredi, avant que les discussions ne tournent court, que la priorité absolue de Kyiv était « un cessez-le-feu complet, inconditionnel et honnête […] pour mettre fin aux massacres et poser une base solide pour la diplomatie ».
Aucune annonce concrète
Il a répété qu’en cas de refus de la Russie de s’engager sur la voie de la paix, celle-ci devrait faire l’objet de sanctions sévères de la part des pays occidentaux. Les États-Unis et l’Union européenne ont fait planer la menace de nouvelles sanctions visant les secteurs financier et énergétique russes, mais n’ont fait aucune annonce concrète. Outre la question du cessez-le-feu, le chef de la délégation ukrainienne à Istanbul, le ministre de la Défense Roustem Oumerov, avait dit souhaiter discuter d’un retour des enfants ukrainiens enlevés par la Russie dans les territoires occupés ainsi que d’un échange de la totalité des prisonniers de guerre.
Moscou et Kyiv se sont employés depuis le début de cette séquence diplomatique à présenter l’autre partie comme le principal obstacle à la paix. Volodymyr Zelensky a fustigé la décision de Vladimir Poutine de ne pas se rendre à Istanbul, disant y voir la preuve que le président russe ne veut pas mettre fin à la guerre. La Russie a accusé de son côté l’Ukraine « d’organiser un spectacle » autour des pourparlers de paix.
Une source diplomatique ukrainienne a accusé la délégation russe d’avoir demandé vendredi matin que les pourparlers se tiennent sans la présence de médiateurs turcs ou américains, fustigeant une énième manœuvre dilatoire. « Ils sont venus pour bloquer le processus, pas pour résoudre les problèmes, et ils veulent le cacher aux États-Unis », a dit la source.
Le Kremlin présentait de son côté ces pourparlers comme une reprise sur la même base des négociations qui avaient eu lieu début 2022, alors que Kyiv était en position très délicate, sous la menace directe de l’armée russe, et que Moscou avait cherché à imposer des conditions de paix très désavantageuses pour l’Ukraine. La délégation russe était d’ailleurs dirigée par Vladimir Medinski, un conseiller de Vladimir Poutine qui avait participé aux précédents pourparlers.
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