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Grâce à des livraisons anticipées, la France et l’Espagne vont garantir la production de l’A400M jusqu’en 2028 – Zone Militaire

Cela fait maintenant plusieurs années que l’Espagne cherche un repreneur pour une partie des vingt-sept avions de transport A400M « Atlas » qu’elle a commandés auprès d’Airbus, l’Ejército del Aire y Espacio ayant estimé que treize ou quatorze appareils seraient suffisants pour couvrir ses besoins.

Par ailleurs, en France, la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit de doter l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] de trente-sept A400M à l’horizon 2035 alors qu’il était jusqu’alors question de commander cinquante exemplaires.

Même s’il n’est pas exclu que la France revienne à son engagement initial, ne serait-ce que pour remplacer ses quatorze C-130H Hercules, il n’en reste pas moins que l’avenir de la ligne de production dédiée à l’A400M est incertain, faute de contrats à l’exportation. Du moins pour le moment.

Récemment, le directeur de la division « avions militaires » d’Airbus Defence & Space, Jean-Brice Dumont, a expliqué qu’il fallait tenir une cadence de production d’au moins huit exemplaires par an pour maintenir les lignes d’assemblage de l’A400M à Séville. « En deçà, l’intérêt des fournisseurs pour l’A400M risque de passer au second plan face à beaucoup d’autres programmes qui montent en cadence », a-t-il confié dans les pages de La Tribune.

D’où l’initiative prise par la France et l’Espagne. En effet, via l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement [OCCAr], ces deux pays ont signé une lettre d’intention avec Airbus afin d’assurer la pérennité la production de l’A400M jusqu’à la fin de l’année 2028.

Ainsi, la France et l’Espagne ont respectivement décidé d’anticiper la livraison de quatre et de trois A400M en 2028-29. Et cela alors que l’AAE doit recevoir son vingt-cinquième appareil à la fin de cette année. Quant à l’Ejército del Aire y Espacio, elle disposera de vingt exemplaires en 2028.

« La France se félicite de la signature de la lettre d’intention définissant les modalités de pérennisation de la chaîne de production A400M Atlas et de la décision de l’Espagne d’anticiper la livraison de trois avions en 2028 […] contribuant ainsi à l’atteinte de cet objectif. Cette prolongation vise également à favoriser la réussite de vente de l’avion à l’export », a commenté le ministère des Armées, via un communiqué diffusé le 17 juin, en marge du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.

En outre, Airbus a pris l’engagement de réduire les coûts d’exploitation de l’A400M en optimisant son maintien en condition opérationnelle [MCO] et de développer de nouvelles capacités. Des réflexions en ce sens sont en cours en France [avec l’idée de faire de l’A400M un « avion de combat lourd« ], au Royaume-Uni et en Allemagne.

Ainsi, Airbus envisage que l’A400M puisse servir de relais de communication, anticipant ainsi le fait que la connectivité sera de plus en plus centrale dans les opérations aériennes. D’ailleurs, l’industriel a signé un contrat avec Thales pour équiper son avion de transport d’un système « Satcom cockpit » AVIATOR 700S.

« Grâce à une bande passante plus élevée, l’A400M pourrait transmettre des flux vidéo en direct des missions vers le cloud, fournissant ainsi un support visuel pour les décisions stratégiques. L’analyse des données collectées sur différentes plateformes pourrait, quant à elle, permettre des décisions tactiques quasiment en temps réel », explique Airbus.

Une autre capacité consisterait à transformer l’A400M en « vaisseau-mère » pour les drones, et notamment les effecteurs connectés [remote carriers]. « En tant qu’avion de transport, l’A400M pourrait jouer un rôle central, en amenant des plateformes sans pilote […] au plus près du théâtre d’opérations et en les contrôlant si nécessaire », estime Airbus, qui a déjà mené des travaux à cette fin.

Enfin, l’A400M pourrait être engagé dans des missions de guerre électronique, ses quatre moteurs et générateurs pouvant développer une puissance électrique suffisante pour alimenter des brouilleurs et un « grand nombre d’antennes ».

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Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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