Freedom Flotilla : que va-t-il se passer pour Rima Hassan et les trois autres Français qui vont comparaître devant la justice israélienne ?
Les activistes à bord du « Madleen », le navire affrété par la coalition Flottille de la liberté (Freedom Flotilla Coalition), peu après leur départ du port sicilien de Catane, le 1ᵉʳ juin 2025. SALVATORE CAVALLI/AP/SIPA
Décryptage
Après l’arraisonnement du navire de la Freedom Flotilla Coalition par la marine israélienne dans la nuit du dimanche à lundi, le Quai-d’Orsay a annoncé que deux des six ressortissants français seraient rapatriés ce mardi. Les autres, dont l’eurodéputée Rima Hassan, doivent comparaître sous peu devant la justice israélienne.
Quatre Français seront donc traduits devant la justice israélienne. L’équipage du « Madleen », le navire de la coalition Flottille de la liberté (Freedom Flotilla Coalition) qui tentait de briser le blocus à Gaza, intercepté par l’armée israélienne dans la nuit du dimanche au lundi 9 juin, est détenu sur le sol israélien. Après avoir reçu la visite des diplomates, deux des six ressortissants français doivent être rapatriés sur le territoire ce mardi. Les autres ont refusé de signer le formulaire proposé par les autorités israéliennes pour être expulsé et devront comparaître prochainement devant la justice israélienne. Jean-Noël Barrot, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, apprend que « l’éventuelle expulsion » de ces derniers « aura lieu après décision du juge israélien dans les prochains jours ». La porte-parole du ministère de l’Intérieur israélien, Sabine Haddad, a quant à elle déclaré que les ressortissants ayant refusé de signer le formulaire seront détenus quatre-vingt-seize heures avant d’être expulsés.
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L’activiste suédoise Greta Thunberg, également présente à bord du « Madleen » et qui a quitté le territoire israélien après signature du formulaire, s’est dite « très inquiète pour eux » au micro de BFM. Elle a appelé à la mobilisation pour que leurs gouvernements respectifs exigent leur libération immédiate et dénonce un « kidnapping dans les eaux internationales ». Arrivée à Roissy en début d’après-midi ce mardi, elle devrait prochainement être rapatriée en Suède.
Si le chef de la diplomatie française n’a pas donné de précisions sur l’identité des ressortissants captifs, l’eurodéputée Rima Hassan ferait partie des réfractaires, selon La France insoumise (LFI). Parmi les autres Français embarqués à bord figurent un médecin marseillais, un marin amateur, ingénieur informatique de profession, ainsi que le militant écologiste Reva Seifert-Viard, remarqué pour avoir passé trente-neuf jours accroché dans un arbre pour protester contre le chantier de l’A69. Figurent également deux journalistes, Yanis Mhamdi pour Blast et qu’Omar Faiad pour Al Jazeera.
Une « entrée illégale sur le territoire »
La signature du formulaire proposé aux militants par Israël fait jaser, notamment dans les rangs insoumis. Mathilde Panot, la cheffe des députés LFI a précisé que les militants de la coalition Flottille de la liberté « ont refusé de signer un papier qui, en plus de prononcer une interdiction de cent ans du territoire israélien, mettait comme condition de reconnaître que leur entrée sur le territoire était illégale, ce qui est évidemment absolument faux ». La vice-présidente LFI de l’Assemblée nationale, Clémence Guetté, a abondé dans ce sens sur son compte X, rappelant qu’ils « n’ont pas refusé d’être rapatriés » mais « de signer un document dans lequel ils devaient reconnaître être entrés illégalement sur le territoire israélien ».
L’équipage du « Madleen » affirme en effet que le navire a été « intercepté de force » dans les eaux internationales et que leur destination n’était pas le territoire israélien, mais la bande de Gaza, qui n’en fait pas partie. Joshua Zarka, ambassadeur israélien en France, maintient à l’antenne de BFM que le navire a été intercepté « quand il est entré dans les eaux territoriales israéliennes » sans jamais préciser de localisation exacte.
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« La diplomatie française a joué tout son rôle »
Jean-Noël Barrot a fustigé des « manœuvres de désinformation » de certains responsables politiques ayant critiqué la gestion de la situation par le Quai-d’Orsay. Elle fait suite aux déclarations de plusieurs dirigeants de LFI, notamment Jean-Luc Mélenchon qui avait décrié la « nullité des services français » et affirmé qu’« aucune nouvelle » n’avait été donnée aux familles des ressortissants arrêtés. « La diplomatie française a joué tout son rôle, d’abord en alertant les participants à cette initiative des risques auxquels ils s’exposaient, en appelant les autorités israéliennes, bien avant l’arraisonnement du navire à prévenir toute forme d’incident », a insisté le chef de la diplomatie.
Très médiatisé, l’arraisonnement du « Madleen » a suscité de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et des rassemblements ont eu lieu un peu partout en France, notamment à Paris où plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel de LFI et sont venus réclamer la libération de l’équipage dimanche. Plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron s’était engagé à ce que la France veille à « la protection » des ressortissants et à ce qu’ils « puissent retrouver le sol français ». En attendant, Jean-Noël Barrot assure que « l’équipe diplomatique et consulaire française à Tel Aviv restera au contact de nos ressortissants, comme le lui permet la protection consulaire, pour s’assurer de leur état jusqu’à leur retour en France ».
Auteur : Hugo Bachelet
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