Exclusion d’Israël du Salon du Bourget : la justice doit trancher ce mardi
Israël sera-t-il représenté au Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) du Bourget ? Plusieurs associations, dont Attac, Stop Fuelling War, Survie, EuroPalestine, l’ONG palestinienne Al-Haq et l’Union juive française pour la paix ont demandé lors d’une audience en référé, mercredi 4 juin, l’exclusion des entreprises israéliennes qui participent à la «commission massive de crimes internationaux» de l’événement qui doit se tenir du 16 au 22 juin. Le tribunal de Bobigny doit trancher ce mardi 10 juin.
Les associations ont exigé que la justice oblige, en urgence, la SIAE, filiale du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (Gifas) à «prendre toutes les mesures en son pouvoir pour empêcher la promotion ou l’accueil d’entreprises, délégations ou intermédiaires susceptibles de participer à la perpétuation des crimes commis par Israël». Le tribunal de Bobigny s’est donné une courte semaine pour étudier la demande et donner sa décision. «On est confronté aux pires crimes qui puissent exister dans notre code pénal. Ils ne peuvent aboutir que par l’aide et l’assistance fournies par un certain nombre d’entités et d’événements, tel ce salon», avait attaqué mercredi Me Dominique Cochain, au nom des associations.
L’avocate avait plaidé le risque de «dommage imminent», en affirmant : «Si on ne met pas fin à ces ventes d’armes, à ces promotions d’armements […], avec des entreprises israéliennes qui soutiennent indéfectiblement l’opération militaire menée à Gaza, le dommage déjà constaté ne pourra que s’aggraver dans des conditions absolument dramatiques». Depuis l’attaque du 7 octobre 2023 qui avait fait 1 218 morts israéliens, l’Etat hébreu mène des représailles sanglantes à Gaza, qui ont causé la mort de près de 55 000 personnes selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
Outre l’exclusion des sociétés israéliennes du salon, Me Cochain a demandé «des déclarations de la part des autres sociétés, de toutes nationalités, pour attester qu’elles ne soutiennent pas l’effort de guerre israélien». Me Matteo Bonaglia, qui a également plaidé pour les associations mercredi, a déploré que des sociétés israéliennes présentes au Salon puissent y «faire valoir l’efficacité de leur matériel de guerre testé à Gaza». La présence d’au moins neuf exposants de l’Etat hébreu est prévue, avec un stand pour le ministère de la Défense. «Autoriser Israël à participer à la 55e édition du Salon du Bourget, c’est continuer d’alimenter la machine de guerre, mais aussi légitimer et récompenser les exactions commises par l’armée israélienne à Gaza, en Cisjordanie, au Liban et ailleurs», a écrit le 7 mai sur son site internet la Ligue des droits de l’homme, qui soutient la demande des associations.
L’avocat de la SIAE, Me Sylvain Pavillet, a estimé pour sa part que les associations demandaient à la justice «d’entrer dans un débat politique». «On ne peut pas laisser dire qu’Israël ne jouit pas d’un droit de légitime défense, il ne vous appartient pas de juger si cette légitime défense est proportionnée», a-t-il lancé aux magistrats. Avant d’affirmer qu’au sujet des accusations de génocide à Gaza, «on en est au stade des investigations, en aucun cas de la preuve». «Les mesures de restriction de la participation d’entreprises aux salons sont des actes d’un gouvernement. On vous demande de vous substituer au gouvernement pour les imposer», a déclaré au tribunal Me Pavillet.
Benyamin Nétanyahou avait annoncé le 26 janvier qu’Emmanuel Macron avait «promis […] que les entreprises israéliennes pourraient participer» au salon. L’Elysée avait précisé un peu plus tard que leur présence pourrait être «favorablement examinée, en conséquence du cessez-le-feu à Gaza et au Liban».
Le SIAE est organisé tous les deux ans. L’an dernier, la présence des industriels israéliens de la défense au Salon mondial de la défense et de la sécurité Eurosatory à Villepinte (Seine-Saint-Denis) avait été annulée sur décision du gouvernement français, après le bombardement meurtrier d’un camp de déplacés par l’armée israélienne. Mais la justice avait invalidé cette interdiction et suspendu l’interdiction d’exposer.
Auteur : Lily Chavance, AFP
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