En Syrie, le pouvoir tente de calmer une polémique après des changements « ciblés » dans des manuels scolaires
Par
Le Nouvel Obs avec AFP
Publié le
, mis à jour le
Le dirigeant syrien, Ahmed al-Charaa, dans le palais présidentiel à Damas, en Syrie, le 28 décembre 2024. MOSA’AB ELSHAMY/AP/SIPA
Le ministre syrien de l’Education a cherché ce jeudi 2 janvier à minimiser des changements dans les manuels scolaires annoncés la veille par les nouvelles autorités dirigées par les islamistes, après que des militants ont dénoncé des modifications basées sur des « idéologies extrémistes ».
Une coalition de groupes armés conduite par des islamistes radicaux a pris le pouvoir en Syrie à l’issue d’une offensive éclair qui a abouti le 8 décembre à la chute de Damas et à la fuite du dictateur Bachar al-Assad.
Le ministère de l’Education avait annoncé mercredi sur sa page Facebook avoir apporté quelques modifications dans les manuels scolaires, supprimant la propagande du parti Baas qui était au pouvoir sous Bachar al-Assad mais également des poèmes sur les femmes et l’amour.
A lire aussi
Reportage
« On est juste un corps nu avec un numéro » : on a visité la prison de Saidnaya avec un ancien détenu
Lire plus tard
Les changements comprenaient également l’interprétation d’un verset coranique portant sur « ceux qui ont provoqué la colère » de Dieu et « les égarés » comme faisant référence aux juifs et aux chrétiens. La phrase nationaliste « sacrifier sa vie pour défendre sa patrie » est en outre remplacée par l’expression « sacrifier sa vie pour la cause de Dieu ».
Des informations « incorrectes » corrigées selon le ministère
« Les programmes de toutes les écoles syriennes resteront tels quels jusqu’à ce que des comités spécialisés soient formés pour les examiner », a déclaré ce jeudi le ministre de l’Education, Nazir Al-Qadri, dans un communiqué sur Telegram.
« Nous avons seulement ordonné la suppression des parties glorifiant le régime déchu d’Assad, et nous avons adopté des images du drapeau de la Révolution syrienne au lieu du drapeau du régime » déchu, a-t-il ajouté.
Il a indiqué en outre que des informations « incorrectes » avaient également été corrigées dans le programme d’éducation islamique, où « certains versets coraniques étaient expliqués de manière erronée ».
« Une menace à long terme pour l’avenir de la Syrie »
L’annonce mercredi des changements a fait polémique sur les réseaux sociaux. Le militant et journaliste kurde yézidi Shiyar Khaleal a notamment averti sur Facebook que « l’éducation fondée sur des idéologies extrémistes peut façonner des individus dont les idées menacent la sécurité régionale et internationale ».
« Changer le programme scolaire sous la supervision de Hayat Tahrir al-Sham [HTS, groupe islamiste menant la coalition au pouvoir, NDLR] n’est pas seulement un danger éducatif, mais une menace à long terme pour le tissu social et l’avenir de la Syrie », a-t-il ajouté.
A lire aussi
Chronique
L’alcool sera-t-il autorisé en Syrie ?
Lire plus tard
Le journaliste Ziad Haidar a lui estimé qu’avec certains de ces changements, des « groupes religieux spécifiques » étaient « ciblés ».
Le nouveau pouvoir, qui se sait scruté par la communauté internationale, a cherché à rassurer à plusieurs reprises les minorités sur le fait qu’elles ne seraient pas victimes de violence.
Auteur :
Aller à la source