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En plus des Rafale, l’Indonésie va se doter de 48 chasseurs-bombardiers de 5e génération turcs « Kaan » – Zone Militaire

Après avoir renoncé à acquérir des avions de combat Su-35 Flanker E de facture russe afin de préserver ses relations économiques avec les États-Unis [le marché américain « absorbe » 10 % de ses exportations], l’Indonésie se tourna finalement vers la France et commanda un total quarante-deux Rafale au standard F4, écartant ainsi une offre portant sur la vente de trente-six F-15EX [ou Eagle II] pour près de 14 milliards de dollars.

Dans le même temps, la force aérienne indonésienne [Tentara Nasional Indonesia – Angkatan Udara / TNI-AU] signa un contrat pour se procurer douze Mirage 2000-5 d’occasion auprès du Qatar. Mais ce dernier fut dénoncé par la suite, à cause de contraintes budgétaires.

Par ailleurs, l’Indonésie avait précédemment noué une coopération avec la Corée du Sud afin de développer le KF-21 Boramae, un avion de combat dit de génération 4,5 conçu par Korean Aerospace Industries [KAI]. Seulement, le gouvernement indonésien manqua à sa parole en ne versant pas les sommes promises pour financer ce programme.

Si ce partenariat fut réaffirmé en mars 2024, malgré une affaire d’espionnage impliquant des ingénieurs indonésiens travaillant chez KAI, Séoul décida de réduire la participation de Jakarta de 1 600 milliards à 600 milliards de wons et de restreindre les transferts de technologies liées au KF-21, dont la production en série vient de démarrer.

Quoi qu’il en soit, il semble que le KF-21 ne fait plus partie des plans de Jakarta. En avril, le président indonésien, Prabowo Subianto, a évoqué l’éventualité de rejoindre le programme turc d’avion de 5e génération « Kaan ». Programme qui doit se concrétiser, au plus tôt, en 2028, avec la livraison des premiers appareils à la force aérienne turque.

Pour autant, cet intérêt pour le Kaan n’a pas empêché le ministère indonésien de la Défense de signer une lettre d’intention pour se procurer au moins douze Rafale F4 de plus. Et cela à un moment où des rumeurs évoquaient un possible achat d’avions de combat chinois Chengdu J-10. Rumeurs qui, apparues après les combats ayant opposé les forces aériennes indiennes et pakistanaises, le 7 mai, pouvaient paraître fantaisistes en raison des différends territoriaux, notamment au sujet des îles Natuna, entre Jakarta et Pékin.

Cela étant, une lettre d’intention n’étant pas contraignante, une commande de Rafale supplémentaires n’est pas encore acquise. D’autant plus que, dans le fil des propos tenus par Prabowo Subianto en avril dernier, l’Indonésie a signé un accord en vue d’acquérir quarante-huit chasseurs-bombardiers Kaan, à l’occasion de l’Indo Defence Expo & Forum. C’est en effet ce qu’a annoncé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, via le réseau social X.

« Dans le cadre de l’accord signé avec notre pays ami et frère, l’Indonésie, 48 KAAN seront produits en Turquie et exportés vers ce pays », a affirmé M. Erdogan, avant de préciser que l’industrie indonésienne « sera également sollicitée » pour la production de ces chasseurs-bombardiers.

« J’espère que cet accord, qui témoigne du développement et du niveau atteint par notre industrie de défense, sera bénéfique pour la Turquie et l’Indonésie. Je tiens à transmettre mes salutations et mes remerciements à mon éminent homologue, le président Prabowo Subianto, qui a joué un rôle majeur dans la signature de cet accord grâce à la volonté dont il a fait preuve », a conclu M. Erdogan.

Les détails financiers de cet accord n’ont pas été précisés. Cependant, la presse indonésienne évoque un montant de 10 milliards de dollars.

Début mai, le site spécialisé Indo Aviation avait soutenu que rejoindre le programme Kaan serait un moyen pour l’Indonésie d’obtenir « un transfert de technologie précieux » et d’impliquer son industrie « dans la chaîne d’approvisionnement et le développement » de cet appareil, « conformément à l’esprit d’indépendance de la défense nationale ».

Pour rappel, le KAAN a effectué son vol inaugural le 21 février 2024. L’assemblage de deux autres prototypes est actuellement en cours. Ils devraient être légèrement différents du premier, notamment au niveau des entrées d’air. Quant à la motorisation, elle repose pour le moment sur deux turboréacteurs à double flux General Electric F110, l’objectif de Turkish Aerospace Industries [TUSAŞ] étant de les remplacer par des moteurs plus puissants, de conception locale.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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