En Israël, le cabinet de Netanyahou approuve un plan incluant la « conquête » de la bande de Gaza
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Le Nouvel Obs avec AFP
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Dans le camp de réfugiés palestiniens de Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 2 mai 2025, après un bombardement israélien. EYAD BABA/AFP
Israël a annoncé ce lundi 5 mai l’expansion de son offensive dans la bande de Gaza, prévoyant la « conquête » du territoire palestinien, dans le but de « vaincre » le Hamas et d’assurer le « retour des otages » israéliens après plus de dix-neuf mois de guerre.
Le cabinet politico-sécuritaire israélien a approuvé dans la nuit de dimanche à lundi le nouveau plan de combat, a indiqué lundi une source officielle israélienne. Dimanche soir, l’armée israélienne avait confirmé le rappel de « dizaines de milliers de réservistes » pour son offensive à Gaza.
« L’opération inclut une attaque de grande envergure » et « le déplacement de la plupart de la population de la bande de Gaza » hors des zones de combat, a déclaré le général de brigade Effi Defrin, porte-parole de l’armée israélienne. Le plan a été approuvé à l’unanimité par le cabinet réunissant les ministres du gouvernement.
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La bande de Gaza, dont la quasi totalité des habitants ont déjà été déplacés à plusieurs reprises depuis le début de la guerre, est soumise à un blocus total israélien depuis le 2 mars. Les Nations unies ne cessent d’alerter sur la catastrophe humanitaire et le risque de famine auxquels sont exposés les quelque 2,4 millions d’habitants de Gaza. Lundi, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « alarmé » par le plan israélien. « Cela va inévitablement conduire à un nombre incalculable de civils tués supplémentaires et à plus de destruction de Gaza », a déclaré un de ses porte-parole, Farhan Haq, soulignant que la bande de Gaza est « une partie intégrante d’un futur Etat palestinien ».
L’objectif affiché par le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou, l’un des plus à droite de l’histoire de l’Etat hébreu, est toujours de vaincre le Hamas, le mouvement islamiste dont l’attaque sans précédent le 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans le territoire palestinien. Selon un haut responsable sécuritaire, le temps des préparatifs militaires autorise une fenêtre pour la négociation d’un accord de libération des otages, d’ici « à la fin de la visite du président américain » Donald Trump au Moyen-Orient, prévue du 13 au 16 mai.
« Le gouvernement choisit le territoire plutôt que les otages »
Le Forum des Familles, la plus grande association de proches d’otages en Israël, a accusé lundi le gouvernement israélien de « sacrifier » les otages à Gaza après l’approbation de l’expansion de l’offensive israélienne dans l’enclave.
Ce plan mérite le nom de « plan Smotrich-Netanyahou » car il « sacrifie les otages », selon un communiqué de l’association, en référence à l’influence du ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, dans le gouvernement du Premier ministre Benyamin Netanyahou. « Ce matin, le gouvernement admet qu’il choisit le territoire plutôt que les otages, contrairement aux souhaits de plus de 70 % de la population », ajoute le texte.
De son côté, le Hamas a accusé Israël d’utiliser l’aide humanitaire comme un moyen de « chantage politique » et de porter la responsabilité de « l’aggravation de la catastrophe humanitaire » dans la bande de Gaza.
« Nous rejetons l’utilisation de l’aide humanitaire comme un moyen de chantage politique », a déclaré le Hamas dans un communiqué, ajoutant que « l’obstruction continue de l’entrée de l’aide » depuis le 2 mars rendait Israël « pleinement responsable de l’aggravation de la catastrophe humanitaire » dans le territoire palestinien.
« Promouvoir le plan Trump »
Le Premier ministre israélien a par ailleurs affirmé pendant la réunion qu’il « continuait à promouvoir le plan Trump visant à permettre le départ volontaire des habitants de Gaza et que les négociations à ce sujet se poursuivaient », selon la même source.
Début février, le président américain avait lancé l’idée d’une prise de contrôle du territoire palestinien par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la « Riviera du Moyen-Orient ». Pour cela, ses habitants pourraient, selon lui, être déplacés vers l’Egypte et la Jordanie, deux pays voisins qui ont rejeté cette option.
Ce projet avait suscité un tollé à l’international, mais les autorités israéliennes ont continué à s’y référer ces derniers mois, notamment en créant une administration spéciale chargée de permettre aux Palestiniens de quitter la bande de Gaza ou en mentionnant la recherche de pays d’accueil.
Au cours de la réunion du cabinet, le gouvernement a également approuvé la « possibilité d’une distribution humanitaire » à Gaza si cela venait à être « nécessaire ». Pour l’heure, le cabinet a estimé qu’il y avait « actuellement suffisamment de nourriture » dans le territoire selon la source officielle.
Stocks « épuisés »
Or les organisations d’aide internationale, de même que les Gazaouis, témoignent depuis des semaines d’une situation humanitaire dramatique dans le petit territoire côtier, notamment en raison des pénuries de biens de première nécessité.
Le Programme alimentaire mondial des Nations unies, un des principaux fournisseurs de nourriture dans la bande de Gaza, a par exemple annoncé le 25 avril avoir « épuisé tous ses stocks » dans le territoire palestinien.
Israël, qui accuse le Hamas de détourner l’aide humanitaire, dit avoir bloqué l’entrée de toute aide dans le territoire pour faire pression sur le mouvement islamiste afin qu’il libère les personnes enlevées en Israël et détenues dans la bande de Gaza.
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L’armée israélienne a repris ses bombardements et son offensive sur la bande de Gaza le 18 mars, mettant fin à deux mois de trêve avec le Hamas.
L’attaque du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1 218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée israélienne. Le Hamas retient également la dépouille d’un soldat israélien tué lors d’une précédente guerre à Gaza en 2014.
La campagne de représailles israéliennes à l’attaque du 7-Octobre a fait au moins 52 535 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l’ONU.
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