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Des Rafale et des Mirage 2000 ont tiré des missiles MICA vers des ballons stratosphériques avec succès – Zone Militaire

Lors d’une audition au Sénat, en novembre 2023, le général Stéphane Mille, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace [CEMAAE], avait assuré que la France avait les « moyens d’intervenir » dans la Très Haute Altitude [THA, zone comprise entre 20 et 100 km d’altitude, ndlr], comme l’US Air Force l’avait fait pour abattre un ballon chinois ayant survolé les États-Unis quelques mois plus tôt. « Nous n’avons donc pas besoin d’aller très au-delà de nos capacités actuelles », avait-il dit.

La semaine passée, le ministère des Armées a dévoilé sa stratégie pour la THA. Celle-ci s’appuie sur trois piliers : « détecter », avec notamment la modernisation du radar transhorizon Nostradamus et la participation au programme européen de satellite dédié à l’alerte avancée ODIN’s Eye, « intercepter » et « opérer », grâce aux projets Balman, Zephyr et Stratobus.

S’agissant de la capacité à neutraliser de potentielles menaces dans la THA, la stratégie du ministère prévoit des expérimentations devant être menées par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], la Direction générale de l’armement [DGA] et le Centre nationale d’études spatiales [CNES].

Plus précisément, l’objectif est d’étendre les « capacités actuelles d’interception air-air » grâce à « certaines évolutions permettant de meilleures détections et accrochages ou des excursions en altitude au-delà des domaines de vol aujourd’hui autorisés.

« Des simulations et des campagnes d’essais et expérimentations seront conduites […] dès 2025, à la fois sur avions Mirage 2000 et Rafale, afin d’identifier les caractéristiques à améliorer en priorité des missiles et capteurs actuels pour réaliser des interceptions de HAPS [High Altitude Pseudo-Satellites] », précise-t-elle. En outre, il s’agit également de mobiliser les missiles Aster B1NT du système de défense aérienne SAMP/T [sol-Air Moyenne Portée / Terrestre], l’objectif étant d’adapter « la chaîne d’interception à cette couche complexe de l’atmosphère”.

« Il faut se demander jusqu’à quelle altitude nos systèmes d’armes peuvent encore agir efficacement », a résumé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors de la présentation de cette stratégie à l’occasion du salon du Bourget.

Sur ce point, assimilant la THA au « Far West » car son statut juridique censée la régir ne fait pas consensus, l’actuel CEMAAE, le général Jérôme Bellanger a insisté, à plusieurs reprises, sur la nécessité de disposer d’une capacité de neutralisation, comme celle dont disposait l’armée de l’Air avec le Mirage IIIE, cet avion étant capable de voler jusqu’à 28 000 mètres d’altitude grâce à moteur-fusée SEPR. Il est « hors de question d’avoir des ballons chinois positionnés au-dessus de nos têtes à Paris et qui nous observent », avait-il dit, en octobre dernier.

Quoi qu’il en soit, la campagne d’expérimentations prévue par la stratégie ministérielle vient de commencer. C’est en effet ce qu’a annoncé M. Lecornu, via le réseau social X.

« Des Rafale et Mirage 2000 ont réalisé avec succès les premiers tirs de missiles MICA vers des ballons stratosphériques opérant à très haute altitude fournis par le CNES. Des tirs d’essai repoussant les contraintes technologiques qui s’exercent sur l’avion, son pilote et son armement au-delà de 20 kilomètre d’altitude », a affirmé le ministre, avant de se féliciter d’une « première étape franchie sur le volet interception de la stratégie de nos armées pour la THA, qui devient un espace de conflictualité ».

Le MICA [Missile d’Interception, de Combat et d’Autodéfense] est un missile à guidage inertiel qui utilise un autodirecteur infrarouge [IR] ou électromagnétique [EM] lorsqu’il approche de sa cible. Sa portée est d’environ 80 km.

Cela étant, M. Lecornu n’a pas livré plus de détails sur le mode opératoire suivi par les Rafale et les Mirage 2000. Probablement que l’AAE et la DGA en diront plus dans les jours à venir.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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