Veille & Flux d’Information

Dassault Aviation travaille sur le projet d’avion spatial « Vortex », avec l’appui de la DGA et du CNES – Zone Militaire

En lien avec la stratégie spatiale de défense publiée en 2019 [et qui va l’objet d’une actualisation], la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 a fait de la capacité d’action dans l’espace une priorité. D’où le lancement du programme ARES [action et résilience spatiale] par la Direction générale de l’armement [DGA].

Celui-ci repose sur trois piliers : surveillance de l’espace, conduite des opérations spatiales et action vers et dans l’espace.

Plusieurs projets sont en cours, comme Astreo, qui vise à développer une capacité de commandement et de contrôle [C2] en ayant recours à un supercalculateur pour le traitement massif des données de surveillance spatiale, BLOOMLASE [aveuglement des satellites d’observation adverses depuis le sol], FLAMHE [capacité de neutraliser un satellite en orbite au moyen d’une arme à énergie dirigée], YODA [Yeux en Orbite pour un Démonstrateur Agile], et TOUTATIS [Test en Orbite d’Utilisation de Techniques d’Action contre les Tentatives d’ingérences Spatiales] ou encore SALAZAR [étude pour capturer des engins dangereux en orbite].

Le développement d’un drone spatial, à l’image du X-37 américain ou le CSSHQ chinois permettrait d’accroître les capacités d’intervention en orbite. Un tel projet avait été évoqué par un rapport parlementaire publié en 2020, soit au moment où il était question d’élaborer un plan de relance pour la Base industrielle et technologique de défense [BITD] lors de la pandémie de covid-19.

Une telle idée avait déjà été avancée par Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation. « Qui contrôle l’espace contrôlera ce qu’il y a en dessous. Il faudra être dans l’espace avec très certainement des avions spatiaux à un horizon de quinze à vingt ans », avait-il au cours d’une conférence donnée devant l’association des Centraliens, en novembre 2018.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en avril dernier, M. Trappier revint à la charge. « Il n’y a pas d’avion spatial aujourd’hui. J’en ai l’idée. La volonté, je l’ai. Mais j’ai l’impression que ça n’intéresse personne. Si j’étais provocateur, ce que je ne suis absolument pas, je dirais que les seuls qui sont intéressés sont les Américains. Mais avec les Français, c’est difficile », avait-il déploré.

Or, l’armée de l’Air & de l’Espace a régulièrement témoigné de son intérêt pour une telle capacité. D’ailleurs, en 2019, alors qu’il dirigeait l’Agence de l’innovation de défense [AID] avant de prendre les rênes de la DGA, Emmanuel Chiva avait évoqué le développement possible d’un avion spatial.

« Nous discutons avec Dassault Aviation et la DGA, en particulier le SASD [Service d’architecture de systèmes de défense]. Nous portons également des projets avec des sociétés que nous soutenons. C’est le cas d’Unseenlabs et de Cailabs », avait-il dit, à l’occasion d’un entretien accordé à La Tribune.

Visiblement, M. Trappier avait forcé le trait devant les députés. En effet, interrogé par Le Figaro [édition du 16 juin] avant l’ouverture du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, il a évoqué le projet d’avion spatial « VORTEX ».

« Nous visons le marché de la mobilité dans l’espace, un domaine où la Chine, la Russie et les États-Unis avancent très vite. L’espace devient un terrain de compétition stratégique, économique et scientifique. La France a besoin de cette capacité. Et Dassault a les compétences en aérodynamique, dans les commandes de vol, le guidage et le dialogue homme-machine », a d’abord rappelé M. Trappier.

Et d’ajouter : « Nous travaillons sur Vortex, c’est son nom de code. Il s’agit à terme d’un ‘avion spatial’, un véhicule habité, capable de manœuvrer dans l’espace et de revenir sur Terre, une sorte de navette spatiale », à l’image du projet Hermès, abandonné au début des années 1990 à cause de dissensions avec l’Allemagne.

Cet avion spatial fait l’objet d’un travail mené avec l’appui de la DGA et du Centre national des études spatiales [CNES], a précisé M. Trappier. « Nous y allons par étapes, avec un démonstrateur que nous testerons en suborbital, puis en orbital, puis avec un équipage. Nous aurons besoin d’un petit lanceur très flexible pour le lancer », a-t-il expliqué, avant d’estimer que ce projet pourrait être conduit dans le cadre d’une coopération avec des partenaires européens.

Photo : Projet d’avion spatial VEHRA, de Dassault Aviation. Précurseur de Vortex ?



Auteur : Laurent Lagneau

Aller à la source

Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

Cédric has 6478 posts and counting. See all posts by Cédric