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Contraint à un atterrissage d’urgence, un F-35B britannique est cloué au sol en Inde depuis une semaine – Zone Militaire

Le 22 avril, le porte-avions britannique HMS Prince of Wales et son escorte [Carrier Strike Groupe 25 / CSG25] ont entamé l’opération Highmast, dont le programme prévoit une série d’exercices dans la région Indopacifique, comme Talisman Sabre, qui se tiendra au large de l’Australie en juillet prochain.

Fin mai, après une séquence en Méditerranée, où il a pris part à l’exercice de l’Otan Med Strike avec le porte-aéronefs italien ITS Cavour, le groupe aéronaval britannique a traversé la mer Rouge sans encombre – malgré la menace potentielle des rebelles houthis – pour rejoindre l’océan Indien.

Le 14 juin, à l’issue de manœuvres effectuées avec l’Indian Navy, l’un des chasseurs-bombardiers F-35B du groupe aérien embarqué à bord du HMS Prince of Wales a été contraint de se dérouter vers l’aéroport de Thiruvananthapuram [État indien du Kerala] alors qu’il volait dans l’espace aérien international, en dehors de la zone d’identification de défense aérienne [ADIZ] de l’Inde.

A priori, à cause d’une dégradation soudaine des conditions météorologiques [la mousson est précoce, cette année], le F-35B britannique aurait manqué de carburant pour rejoindre le HMS Prince of Wales. D’où son atterrissage en urgence à Thiruvananthapuram.

Au passage, outre une capacité de guet aérien insuffisante [elle repose sur des hélicoptères Merlin, à l’autonomie limitée, équipé du radar Crowsnest], cet incident souligne une autre insuffisance de l’aéronaval britannique : l’impossibilité de ravitailler en vol un F-35B – déjà gourmand en carburant – par un autre en configuration dite « nounou », comme c’est le cas pour les F/A-18 Super Hornet américains et les Rafale M français [et, bientôt, indiens].

Quoi qu’il en soit, qu’un aéronef d’un groupe aérien embarqué puisse être contraint de se dérouter vers un aéroport ou une base n’a rien d’inédit : en 2019, sept Rafale M du porte-avions Charles de Gaulle avaient dû se poser en urgence sur une piste de la base aérienne « Sultan Iskandar Muda », en Indonésie, après une dégradation subite de la météo. Mais cette escale n’avait duré que le temps de refaire le plein des appareils et de s’acquitter des formalités diplomatiques et administratives.

Ce qui n’est pas le cas du F-35B… puisque celui-ci est cloué au sol depuis maintenant une semaine, alors que des responsables de l’Indian Air Force ont indiqué qu’il « avait reçu un soutien logistique immédiat, notamment un ravitaillement en carburant » après son atterrissage. Et il n’est pas certain qu’il puisse regagner le HMS Prince of Wales, censé disposer de vingt-quatre appareils de ce type, appartenant au 617 Squadron de la Royal Air Force et au 809 Naval Air Squadron de la Fleet Air Arm.

Selon les informations de la presse locale, le F-35B serait victime d’une panne hydraulique qu’une équipe de mécaniciens envoyée sur place par le HMS Prince of Wales n’a pas été en mesure de réparer. Des techniciens américains [de Lockheed Martin] et britanniques sont arrivés à Thiruvananthapuram pour inspecter l’appareil. La possibilité qu’il soit rapatrié au Royaume-Uni n’est, à ce stade, pas exclue.

En attendant, placé sous la protection de la « Force centrale de sécurité industrielle » [CISF], ce F-35B est à l’air libre, malgré les intempéries, les autorités britanniques ayant refusé qu’il soit transféré dans un hangar qu’Air India avait proposé de mettre à leur disposition. Cet avion est « doté de technologies si avancées que la Grande-Bretagne ne souhaite peut-être pas que d’autres l’examinent de plus près », avance NDTV.

Comme le souligne, non sans flegme, le site spécialisé britannique Navy Lookout, cette escale d’un F-35B sur un aéroport civil est une « solution de dernier recours préférable à un amerrissage forcé et à la perte d’un appareil précieux ». Pour rappel, en 2021, le porte-avions HMS Queen Elizabeth avait perdu l’un de ses F-35B en Méditerranée, alors qu’il revenait d’un déploiement de longue durée Indopacifique.

Photo : Ministère indien de la Défense



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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