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Boeing envisage de relancer la production de son avion de transport C-17 Globemaster III – Zone Militaire

En 2013, alors responsable de la division « Défense » de Boeing, Dennis Muilenburg annonça que la production de l’avion de transport stratégique C-17 Globemaster III allait s’arrêter d’ici quelques mois. Et d’expliquer que cette « décision difficile mais nécessaire » avait été prise en raison du contexte économique.

« Nos clients dans le monde sont confrontés à des environnements budgétaires très durs » qui « ne permettent pas d’achats supplémentaires dans la durée requise pour garder la ligne de production ouverte », avait justifié M. Muilenburg.

Malgré une ultime commande du Qatar pour quatre C-17 supplémentaires [prélevés dans un lot d’appareils assemblés quelques années plus tôt pour être proposés à l’exportation], l’usine de Long Beach, qui assemblait cet avion, fut définitivement fermée en 2015 et mise en vente par Boeing.

Actuellement, l’US Air Force exploite 222 C-17 Globemaster III sur les 279 produits. Outre les États-Unis et le Qatar, cet appareil a en effet été vendu au Royaume-Uni, au Canada, à l’Australie, au Koweït, à l’Inde et aux Émirats arabes unis.

Le Pentagone aurait-il dû convaincre Boeing de maintenir ses lignes d’assemblage dédiées à cet appareil, qui à en commander suffisamment pour assurer le plan de charge de l’industriel ?

La question peut se poser, après les propos tenus par Torbjorn Sjogren, le directeur général de Boeing Global Services, lors du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget. En effet, selon Shephard Media, ce dernier a confirmé qu’un pays – qu’il n’a pas précisé – envisageait de se procurer des C-17 et que des discussions portant sur une éventuelle relance de la production de cet avion étaient à un « stade très précoce ».

Redémarrer la production représente « un effort extraordinaire, mais compte tenu de l’utilité de l’avion, c’est quelque chose que nous étudions actuellement avec un pays en particulier », a affirmé M. Sjorgren, qui a dit voir de nouvelles opportunités pour le C-17 sur le marché européen. Et cela d’autant plus que la période de disette budgétaire n’est plus qu’un souvenir…

Le pays évoqué par le responsable de Boeing pourrait être le Japon.

En février, l’agence Kyodo News a en effet rapporté que le Premier ministre nippon, Shigeru Ishiba, avait fait part de la volonté de Tokyo d’acquérir des avions de transport C-17, lors d’un entretien avec le président américain, Donald Trump. Un vœu pieux… étant donné que l’on voit mal l’US Air Force réduire sa flotte, celle-ci revêtant une importance particulière pour son concept ACE [Agile Combat Employment].

En effet, pouvant transporter une charge maximale de 74 tonnes, dans une soute offrant un volume suffisant pour y loger un char M1A2 Abrams, et voler à une vitesse de croisière de 450 nœuds sur 3 400 km, le C-17 a la particularité de pouvoir décoller et atterrir sur des pistes courtes, étroites et sommairement aménagées grâce à sa conception [et surtout à ses volets hypersustentateurs].

En outre, ces dernières années, l’US Air Force a intensivement sollicité ses C-17, lesquels s’usent plus vite que prévu. D’où, d’ailleurs, un besoin d’avions de transport supplémentaires. Ce qui pourrait passer par l’achat de nouveaux C-17 [ce qui justifierait la relance de production] ou par le lancement d’un nouveau programme… mais qui ne pourrait se concrétiser qu’à long terme.

Reste que relancer une production interrompue depuis plusieurs années est une tâche compliquée et coûteuse. Un tel projet avait été ainsi avancé pour le F-22A Raptor, en 2017. Mais il fut très rapidement abandonné, la facture ayant été évaluée à 50 milliards de dollars.

Dans le cas du C-17, et comme le rappelle The War Zone, une relance de la production pourrait coûter au moins 8 milliards de dollars pour assembler 150 avions. Et encore, sous réserve que les outils nécessaires aient été préservés.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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