Veille & Flux d’Information

Arquus – Vers une solution rapidement disponible pour la lutte anti-drones généraliste sous blindage

Donner rapidement aux militaires non spécialisés (hors artilleurs sol-air) une capacité de détection et de neutralisation des drones (type FPV et autres de moins de 10 kg) depuis leurs blindés. Telle est l’ambition des travaux menés sur fonds propres par Arquus et sa branche Hornet dédiée aux tourelleaux téléopérés (TTO) développés et assemblés en France. Le TTO Air Guard est ainsi passé au stade de démonstrateur avec la réalisation de premières détections suivies de ralliements automatiques sur une piste radar, et peut basculer rapidement au stade de prototype avant production.

 

 

Cette version repensée du TTO s’appuie sur un TTO standard Hornet T1, avec une mitrailleuse modèle M2HB (Heavy Barrel) en 12,7mm ou Mag 58 en 7,62mm. Les équipes d’Arquus ont installé un radar de détection, de suivi et d’identification sur la couronne tournante, accueillant à ce jour le système d’auto-protection Galix (fourni par le groupe Etienne Lacroix). Pesant moins de 5 kg, le radar à un panneau n’empêche pas le fonctionnement normal du TTO : les pots de munitions multi-spectrales restent disponibles, tout comme le bloc optronique de Safran, la couronne reste mobile indépendamment de la partie armement du TTO, etc. Au niveau de l’écran du TTO est ajouté un écran d’interface de remontées d’alertes, qui permet de sélectionner la piste à suivre et à éventuellement traiter. La tourelle effectue un ralliement automatique sur le plot radar en quelques millisecondes, offrant une solution de tir immédiate grâce à son double gisement et une conduite de tir adaptée par les équipes au tir sur drone (via des mitrailleuses en 12,7mm ou en 7,62mm). 

 

Un démonstrateur a été réalisé ces derniers mois avec une mitrailleuse 7,62mm et a été présenté en avril et en mai à plusieurs délégations de l’armée de Terre sur le Hub Drones de Brétigny (Essone). Préalablement, les premiers essais permettent de s’engager sur une détection sur une profondeur d’un kilomètre et une neutralisation à quelques centaines de mètres. Des tirs complémentaires sont prévus dans les mois à venir. Un prototype est indiqué comme réalisable sous quelques mois à un an, selon les spécifications retenues. Il s’agira d’un rétrofit des actuels TTO déjà livrés aux forces armées françaises, via un kit à installer sur le TTO et au niveau du poste du tireur. 

Cette solution offre une première brique disponible rapidement pour la lutte anti-drones (LAD) dite « généraliste« , jusqu’à aujourd’hui réduite ou inexistante dans certaines armes (Infanterie, Cavalerie, etc.). Dans le même temps, la lutte anti-drones dite « spécialisée » ne pourra couvrir toutes les menaces, ni en termes de délais avant arrivée à maturité des effecteurs retenus (canons ou missiles), ni en termes de nombre de véhicules Serval (notamment) dédiés commandés, etc. Il est donc nécessaire de répondre autrement au besoin de protection des militaires non-artilleurs. Cela doit se faire avec des doctrines d’emploi repensées et via un panachage possible des moyens au sein des sections ou des pelotons, entre des TTO équipés de ces kits et d’autres TTO lisses. Il s’agit de ne pas spécialiser le blindé, et de pouvoir assurer en propre la détection et le suivi, partager les secteurs d’observation entre le TTO et le radar, se déplacer nominalement si besoin, riposter, éventuellement prévenir, en dernier recours, de se dissimuler et de réaliser des manœuvres évasives avec les pots Galix, etc. 

Tout étant affaire de compromis, de coûts relatifs et éventuellement de panachage des moyens sur les choix des capteurs et des effecteurs, et l’approche en multicouches. Il s’agit de faire, relativement rapidement et sans sur-complication, un effort sur un segment aujourd’hui non couvert et pourtant central vu le niveau de la menace prévisible. Avec cette solution du rétrofit, développé sur fonds propres à ce jour, il s’agirait d’accélérer très sensiblement l’effort de protection des unités combattantes. De plus, en accompagnant l’arrivée à maturité de cette solution, c’est un vrai différenciant à l’export alors que la préoccupation qui pousse actuellement les demandes d’informations des clients à l’export est bien le sujet de la LAD plus que les autres capacités.

Crédits photos : Arquus.

Auteur : noreply@blogger.com (F de St V)

Aller à la source

Artia13

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

Artia13 has 4071 posts and counting. See all posts by Artia13