Appel du 18 juin. « Une figure comme on n’en fait plus » : le Général de Gaulle, un homme qui parle à toutes les générations

Le 18 juin 1940, l’Appel du Général de Gaulle, depuis Londres, marque le commencement de la Résistance. Né à Lille (Nord), auprès de toutes les générations, cet illustre personnage de l’histoire de France n’en finit pas de faire parler lui. Symbole militaire pour certains, politique pour d’autres, mercredi 18 juin 2025, le Général incarne une figure « majeure » pour les visiteurs de la maison natale de Charles de Gaulle.

« Qu’est-ce qui s’est passé le 18 juin 1940 ? », s’interroge spontanément une trentenaire en visitant avec sa famille la maison natale de Charles de Gaulle, à Lille (Nord). « C’était l’Appel du Général », lui répond Philippe, son mari.

Il y a 85 ans, Charles de Gaulle s’adresse aux Français à la radio de Londres, sur les ondes de la BBC. Le 18 juin 1940, le militaire invite ses compatriotes à se battre contre le Troisième Reich et à ne pas collaborer avec le maréchal Pétain.

Mercredi 18 juin 2025, à la maison natale de l’illustre soldat français, Philippe, explique que pour lui se rendre dans ce musée « c’est avant tout un devoir de mémoire ». Pour lui, le Général de Gaulle incarne une « figure d’autorité ». « C’est un grand nom de l’histoire française, ajoute-t-il.

Dans ce musée lillois, de pièces en pièces, on explore l’habitation de ses grands-parents maternels dans laquelle le Général a passé sa petite enfance, dès 1890. Cette partie de la vie, cet homme historique, une découverte pour les visiteurs venus en ce jour si particuliers.

Maryvonne, retraitée, vient de Cologne, en Allemagne. Étrangère, elle explique qu’elle n’avait pas connaissance de ses racines familiales. Elle semble ravie de visiter le lieu dans lequel a vécu un enfant devenu aujourd’hui une figure historique. « Dans mon pays, on évoquait uniquement les grandes lignes de la vie de Charles de Gaulle » révèle-t-elle.

En ce mercredi après-midi, au sein de l’exposition temporaire « Vas-y champion », la visiteuse allemande lit attentivement les panneaux historiques. Le Général, Maryvonne le compare à Konrad Adenauer, premier chancelier fédéral de l’Allemagne de l’Ouest, de 1949 à 1963 et père fondateur de l’Europe.

Le Général de Gaulle a fortement œuvré pour l’amitié entre la France et l’Allemagne.

Maryvonne, touriste allemande

« À cette époque, je n’étais que petite fille, mais je voyais ces deux hommes politiques comme des figures majeures, raconte-t-elle. Le Général de Gaulle a fortement œuvré pour l’amitié entre la France et l’Allemagne. »

Max, septuagénaire, venu de Munich avec sa femme Jutta, est également de cet avis. Au rez-de-chaussée de la maison natale, il s’intéresse aux moindres cartels de l’exposition temporaire « Retour aux sources ».

Pour cet ancien journaliste, Charles de Gaulle est « un homme historique qui a posé les basses de la réconciliation entre la France et l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale ». « Malgré son emprisonnement dans notre pays pendant 32 mois, entre 1916 et 1918, il a su surpasser l’idée que l’Allemagne était une ennemie afin que les deux peuples puissent se réunir », ajoute-t-il.

Pour Marie, une septuagénaire lilloise, « si on en parle encore beaucoup aujourd’hui, ce n’est pas pour rien ». En France, difficile de se déplacer sans ne jamais croiser de place, square, établissement scolaire ou rue qui porte son nom. « Le petit Lillois » est souvent qualifié de héros français. Par ailleurs, c’est pour cette raison qu’une statue, réalisée par l’artiste Quentin Carnaille, a été dévoilée mercredi 18 juin 2025 à l’entrée de La Madeleine (Nord).

De sa participation à la Première Guerre mondiale en tant que soldat, en passant par sa position de chef de fille de la Résistance dès 1940, puis de président de la République de 1958 à 1969, le Général de Gaulle a marqué son nom dans de nombreuses pages des livres d’histoire. Politiquement, Marie ne se dit pas alignée avec la personnalité historique, cependant elle concède qu’il s’agit d’une « figure comme on n’en fait plus aujourd’hui ». 

En 1970, quand Charles de Gaulle décède, Marie a 15 ans. Une bonne partie de son enfance, elle n’a connu que lui comme chef d’État. Une phrase la marque : « Je vous ai compris ». Dans un contexte tendu, le 4 juin 1958, à Alger, le Général, devant une grande foule, déclare ce célèbre discours.

Mercredi 18 juin 2025, en milieu d’après-midi, l’association « Présence et fidélité gaulliste » a commémoré l’appel du 18 juin 1940 dans la cour de la maison natale du Général. Omer Vernache, 81 ans, ancien soldat en Algérie, portait fièrement un veston siglé d’une croix de Lorraine.

Pour lui, il est indispensable d’honorer la mémoire de l’homme. « Il a servi la France, il ne s’est pas servi lui-même, met-il en avant. Aujourd’hui encore, il est un modèle pour nos hommes politiques. »

« Même si on n’est pas toujours d’accord les actions politiques qu’il a eues, c’est un homme qui a su rester droit dans ses bottes », témoigne la septuagénaire. Bien que 55 ans après sa mort, ponctuellement, Marie s’intéresse toujours à l’histoire de l’homme. Il n’est pas rare qu’elle regarde des documentaires à son sujet.

Pour Marie Lefebvre, directrice de la maison natale de Charles de Gaulle, « qu’importent les générations, le Général de Gaulle est une figure qui fait consensus ». « Tout type de public se rend au musée, étaye-t-elle. Du passionné d’histoire, aux étrangers, en passant par les simples curieux, on se rend compte qu’aujourd’hui, il est vraiment à la page. »

Clara et Charlotte, toutes deux en première année de licence de sciences politiques, n’iraient pas contredire la directrice de la maison natale. En cette année scolaire, dans leurs cours, les étudiantes ont croisé là de nombreuses reprises le nom de Charles de Gaulle.

Dans une introduction à l’histoire du XXe siècle, Charlotte raconte avoir souvent abordé le 49 alinéa 3 de la constitution de la Vᵉ République. « Cette partie des fondements de notre République, c’est Charles de Gaulle qui l’a instauré », aime à rappeler la jeune étudiante.