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Appel du 18 juin : le destin d’Henry Lévy-Finger, héros méconnu de la 2e DB tombé à Strasbourg

Henry Lévy-Finger a tout quitté, en 1940, pour rejoindre le général De Gaulle en Angleterre. Il suit Leclerc dans tous ses faits d’armes, libère Paris. Mais il trouve la mort le lendemain de la libération de Strasbourg, le 24 novembre 1944. Retour sur ce destin.

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Henry Lévy-Finger a 19 ans quand il entend, sur les ondes de la BBC, l’Appel du général de Gaulle, le 18 juin 1940. « Le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. » Cette voix, que la défaite n’a pas recouverte, résonne chez Henry Lévy-Finger. 

Le jeune homme d’origine alsacienne décide de tout quitter. « Il était très jeune, il commençait ses études, et il est parti. Il a rejoint De Gaulle à Londres. Il a été parmi les premiers à le faire« , raconte Valérie Finger, sa nièce. Rien ne l’obligeait à embrasser une telle mission.

La famille Lévy-Finger est à la tête d’une entreprise de peinture créée en 1855, « Les fils Lévy-Finger« , devenue « Astral » en 1940. « Henry, en tant que jeune dirigeant, aurait pu échapper à la guerre, et même ne pas être mobilisé, puisque les entreprises de peinture étaient nécessaires pour l’armée« , rappelle Anne Heintz, la présidente du comité de Strasbourg-Ville du Souvenir français. Son engagement dans les Forces françaises libres (FFI) est totalement volontaire.

Henry Lévy-Finger suit le général Leclerc et ce qui deviendra la 2ᵉ division blindée. En 1941, il est en Lybie et participe au serment de Koufra : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. » Et c’est ce qu’il fait. Il débarque en Normandie en 1944, puis participe à la libération de Paris.

Le 23 novembre 1944, il entre victorieux dans Strasbourg aux côtés de Leclerc. Henry Lévy-Finger et ses compagnons logent avec le général Leclerc au Palais du Rhin pour cette première nuit, où Strasbourg est redevenue française. Le serment de Koufra est accompli, mais le jeune homme ne profite pas longtemps de la victoire.

Alors qu’il est stationné devant le Palais du Rhin, le lendemain de la Libération, le maréchal des Logis Henry Lévy-Finger est tué par des éclats d’obus tirés depuis Oberkirch, en Allemagne. « Après avoir libéré Strasbourg avec cette charge extraordinaire de la 2ᵉ DB, il est venu mourir ici. Il y a des dates de décès qui sont plus cruelles que d’autres« , raconte Anne Heintz. Henry Lévy-Finger n’a pas revu sa famille après son départ en 1940. Il n’a pas pu exaucer le vœu de sa grand-mère, qui écrivait dans une lettre espérer le revoir très vite.

Dès que Strasbourg est libérée le 23 novembre 1944, les forces françaises de Leclerc prennent place dans le Palais du Rhin.

© DR. France Télévisions

La nièce de ce compagnon de la Libération est en visite, dans les traces de son oncle. Devant le Palais du Rhin, face à la plaque sur laquelle le nom d’Henry Lévy-Finger est inscrit avec cinq de ses compagnons, elle se confie : « Être sur les lieux où Henry est mort est extrêmement émouvant. Je lui suis tellement reconnaissante de nous avoir libérés. » Elle n’a connu cette histoire familiale qu’assez tard dans sa vie. « Mon père a vécu une guerre traumatisante. Il a perdu ce frère, Henry, et un demi-frère. Il est resté très silencieux, comme beaucoup. »

Aujourd’hui, Henry Lévy-Finger repose à la nécropole nationale de Strasbourg-Cronenbourg. 



Auteur : Michael Martin

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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