À Luxeuil, M. Macron annonce un « renforcement » des composantes de la dissuasion nucléaire – Zone Militaire
À la fin des années 2010, les Forces aériennes stratégiques [FAS] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] comptaient trois escadrons de chasse dotés de Mirage 2000N, c’est-à-dire pouvant emporter le missile nucléaire ASMP-A. Deux d’entre eux – le 1/4 Dauphiné et le 2/4 La Fayette – étaient alors basés à Luxeuil tandis que le troisième, le 3/4 Limousin opérait depuis Istres.
La Révision générale des politiques publiques [RGPP] ayant conduit à une vaste refonte de la carte militaire, la base aérienne [BA] 116 de Luxeuil Saint-Sauveur perdit ses deux escadrons de Mirage 2000N, au profit de celle de Saint-Dizier, ainsi que son Dépôt atelier munitions spéciales [DAMS] 13.004 et son escadron de défense sol-air 09-950 Servance. Pour autant, elle échappa [de peu] à la fermeture grâce à la mobilisation des élus locaux… et à l’arrivée des Mirage 2000-5 du Groupe de chasse 1/2 « Cigognes », en provenance de Dijon.
Quant au 3/4 Limousin, il fut dissous en 2011, suite à la réorganisation des FAS prévue par le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale [LBDSN] publié trois ans plus tôt.
Quoi qu’il en soit, en 2019, alors que l’avenir de BA 116 semblait encore menacé avec le retrait prévu des Mirage 2000-5, Florence Parly, ministre des Armées, fit savoir qu’elle accueillerait un « premier » escadron de Rafale portés au standard F4 « à compter de 2032 ». Et d’annoncer qu’elle ferait l’objet d’importants travaux pour moderniser ses infrastructures et « améliorer sa sécurité ».
Visiblement, et bien avant les derniers développements internationaux, il était prévu de renforcer la BA 116 avec l’arrivée non pas d’un mais de deux escadrons de Rafale… à vocation nucléaire. L’annonce en avait été faite par Sébastien Lecornu, l’actuel ministre des Armées, au sénateur Cédric Perrin, en juin 2024.
« Les premiers aéronefs arriveront dès 2032. Ils participeront aux contrats opérationnels des Forces aériennes stratégiques. […] En parallèle, le ministère investira massivement pour mettre à niveau les infrastructures de la base et ainsi lui assurer la pleine cohérence de ce déploiement », avait en effet indiqué le ministre.
Cependant, il n’était pas clair si le format des FAS allait être augmenté, avec deux escadrons de Rafale et une base à vocation nucléaire supplémentaire. A priori, ce devrait être le cas, à en juger par les propos tenus par le président Macron, à l’occasion d’une visite aux aviateurs de la BA 116, ce 18 mars.
D’abord, le locataire de l’Élysée a confirmé les annonces faites par M. Lecornu en juin dernier.
« L’armée de l’Air bénéficiera de davantage de commandes de Rafale. C’est un impératif dans le contexte actuel. C’est aussi un choix naturel pour intégrer l’effort des aviateurs vis-à-vis de l’Ukraine et la cession de nos Mirage [2000]. Nous allons [donc] accroître et accélérer les commandes de Rafale. Dans ce cadre, non seulement la base aérienne de Luxeuil va rester mais elle va s’accroître d’une manière inédite et retrouver sa place pleine et entière dans la dissuasion nucléaire française », a déclaré M. Macron.
La BA 116 va ainsi « bénéficier d’investissements massifs pour accueillir les deux prochains escadrons de Rafale. Son format va doubler pour atteindre près de 2 000 militaires et civils à l’horizon 2035. C’est cela, la transformation des dix ans devant nous », a-t-il continué.
EN DIRECT | Prise de parole du Président @EmmanuelMacron depuis la Base aérienne 116 Luxeuil-Saint-Sauveur. https://t.co/FHBPSuVJRD
— Élysée (@Elysee) March 18, 2025
Évoquant un « vaste chantier de modernisation » dans le cadre d’un investissement de 1,5 milliard d’euros, M. Macron a ensuite annoncé que la BA 116 sera la « première base à accueillir la prochaine version du Rafale et son missile hypersonique, figures du renouvellement entamé de notre dissuasion nucléaire ».
En clair, Luxeuil abritera des Rafale F5, des drones de combat issus du démonstrateur nEUROn et des missiles ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e Génération]. Certainement qu’elle gagnera aussi un escadron de défense sol-air doté du système de défense aérienne SAMP/T NG pour protéger le tout.
Cela étant, alors que des travaux sont encore en cours pour déterminer le futur format des forces françaises ainsi que les moyens pour le financer, la dissuasion va être renforcée. Du moins, c’est ce qu’a laissé entendre M. Macron.
« Notre pays et notre continent devront continuer de se défendre, de se doter, de se préparer si nous voulons éviter la guerre. C’est le choix que nous avons fait et que nous continuerons de faire. La dissuasion est, à cet égard, une composante historique et essentielle de la défense de la nation. Et c’est une chance pour notre pays. C’est pourquoi nous continuerons de renforcer chacune de ses composantes », a-t-il en effet affirmé.
Comment un tel renforcement va-t-il se traduire pour la composante océanique de la dissuasion [qui repose actuellement sur quatre sous-marin nucléaires lanceurs d’engins] ainsi que pour la Force aéronavale nucléaire [FANu] ? « J’aurai l’occasion de revenir sur chacun de ces points dans les semaines et les mois qui viennent », a dit M. Macron. « Mais ce je vous annonce aujourd’hui, à Luxueil, est une étape importante pour la dissuasion nucléaire française, pour nos armées et, évidemment, pour notre armée de l’Air et de l’Espace », a-t-il conclu.
Auteur : Laurent Lagneau
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